Voici la vidéo de mon ami Chung-Leng Tran, barista champion de France de café filtre 2012 (Brewers Cup), aux World Coffee Events de Vienne. La prestation est encore une fois magnifique, les gestes sont sûrs, le service souriant et professionnel. Le café utilisé est un Rwanda Kayumbu lavé torréfié par le maître torréfacteur Stéphane Cataldi. Enjoy ! (Avancez à environ 41’30 » pour voir Chung-Leng).
Archive de mots clefs pour Cataldi
Test des filtres VST/Marzocco 7 et 15g
Après le précédent test des filtres VST, vous avez été nombreux à demander l’essai des paniers 7 et 15g. Voici donc, les 7 et… 14g. Il n’y a pas de coquille, et m’ont gentiment été envoyés par l’importateur exclusif Marzocco France, ATMP : les filtres VST 15, 18 et 22g sont respectivement nommés 14, 17 et 21g par la marque de Florence. Terminologie marketing ou finesse de mouture différente, afin de mesurer la capacité ? Toujours est-il que ces paniers sont identiques de ce point de vue. Je le nommerai 15g pour rester cohérent avec le précédent test.
Les seules différences entre les filtres vendus par VST et par Marzocco sont :
- L’absence de rappel du grammage sur la lèvre supérieure,
- le numéro de série manquant du panier,
- une fiche qualité monochrome spécifique :
Le 7g
Le 7g était attendu. En effet, l’ancien filtre 1 tasse était une référence déjà employée dans beaucoup de machines espresso, et ce, quel que soit la marque. La raison : une profondeur inhabituelle pour un panier simple, qui autorise un grammage impressionnant de 14g.
Les paniers 7g Marzocco classique et Marzocco/VST ont quasiment la même forme.
Mais cette aptitude à un revers. Il est difficile d’obtenir une extraction convenable avec une dose inférieure à 10g. De plus, l’obligation d’utiliser un tamper spécifique fâche : même un diamètre de 57mm frotte le fond du panier. Si le café usité demande un grammage d’une vingtaine de grammes pour deux espressi, alors pas de soucis. Le réglage de finesse de mouture ne demandera pas à être ajusté entre le panier simple et double (triple en réalité…). Par contre, imaginez extraire un café dont les paramètres optimaux ont mis en évidence une masse de 15g de café. Cela correspond à 7,5g pour le panier simple. Deux solutions s’offrent à vous : sous-exploiter le filtre une tasse, ou réajuster le broyeur afin d’obtenir une mouture plus grossière adaptée au surplus de grammes. Cette deuxième solution qui semble plus qualitative, nécessite une logistique compliquée : perdre du temps et gâcher du café, ou avoir un deuxième moulin ! Bref, vous l’aurez compris, le VST 7g n’en porte que le nom, et est le pendant du VST 22g. L’idéal serait que VST produise trois filtres 1 tasse, qui correspondent respectivement aux 15, 18 et 22g.
Essai avec l’Éthiopie East Harrar Bedeno de Caffè Cataldi
L’extraction est maîtrisée, et la crema a un aspect flatteur, tigré. Cependant, le Harrar supporte mal les 11g (17g pour 2 tasses est une bonne valeur) qui le rendent un peu brut de décoffrage. Le café a des arômes fruités beaucoup plus subtils et équilibrés avec le filtre double. Un grand Harrar.
J’ai évidemment comparé le VST au filtre d’origine Marzocco. Si l’extraction est légèrement mieux maîtrisée avec un débit relativement constant, c’est surtout l’aspect de la crema qui est spectaculairement améliorée. Gustativement parlant, on gagne en équilibre des saveurs.
Le 15g
Même si le filtre VST 18g reste le plus universel de la gamme, le panier de 15g sera adapté à certains mélanges dont les paramètres nécessitent un grammage compris entre 14 et 17g. Concrètement, utilisé dans cette fourchette, le 15g donnera de meilleurs résultats que les 18 et 22g. Pourquoi ? Car VST a dimensionné la surface de passage de ses filtres en fonction du grammage, afin d’avoir une extraction optimale. Autrement dit, les filtres de plus grande capacité fonctionneront moins bien s’ils sont exagérément sous-remplis.
Les VST 22, 18 et 15g. Notez la faible différence de profondeur entre les 18 et 15g.
Essai avec le Steven Bennet’s Blend
Par exemple, j’ai utilisé le 15g pour extraire le mélange élaboré par Kevin (nom de scène Steven Bennet), Barista chez Coutume Café. Le Steven Bennet’s Blend est composé de 50% Nicaragua Las Morenitas, 30% Guatemala Finca Monte Flor et 20% Brésil Daterra Bruzzi. Un espresso qui a du corps, et dont les paramètres optimaux nécessitent un grammage compris entre 16 et 17g. Soit une quantité parfaitement adaptée au panier 15g.
L’espresso donne le meilleur de lui-même avec une température d’environ 92,5°C, et un temps d’extraction de 25 à 28 secondes pour 2 x 25ml de breuvage.
Ainsi, le nez offre des arômes d’amandes torréfiées. En bouche, l’attaque est franche et acidulée, le milieu aromatique (fruits secs torréfiés), et a une belle longueur épicée. Un excellent mélange, qui n’est pas sans rappeler les Blend Square Mile, avec un peu plus de corps.
La crema est bien tigrée, les bulles sont dues à la hauteur importante du groupe sur la GS/3, et non à une torréfaction trop fraîche (15 jours).
Utilisé « à la Barista », c’est-à-dire en remplissant à ras bord et arasage au doigt, le filtre contient 17g de mouture. C’est sa capacité maximale avant de faire venir en contact la mouture sur la douchette.
En conclusion
Le filtre une tasse gagnerait à être décliné en trois capacités adaptées aux différents cafés (7, 9 et 11g). Celui-ci convient aux pures origines et aux Blends nécessitant un fort grammage.
Pour synthétiser l’utilisation des filtres 2 tasses, si votre café demande un grammage de 14 à 17g, utilisez le VST 15g; de 17 à 20g, le VST 18g; et de 20 à 25g, le VST 22g.
MàJ 29 août 2012 : les filtres VST 18g sont désormais disponibles chez Café Mokxa.
Afin d’aller plus loin, retrouvez les liens utiles :
Dégustation du Sidamo Shakiso de Caffè Cataldi
Meilleur torréfacteur de France 2010
Stéphane Cataldi, fondateur de Caffè Cataldi en novembre 2009, a gagné le concours de meilleur torréfacteur de France l’année suivante. La brûlerie est située à Louargat, dans les Côtes d’Armor.
Sidamo Shakiso
Ce Moka Sidamo pousse en forêt, dans la province de Sidamo, en Éthiopie, à une altitude comprise en 1700 et 1850 mètres. Les cerises sont récoltées par picking, autrement dit, une cueillette manuelle des fruits parfaitement mûrs. Le Shakiso est un café naturel : la méthode sèche consiste à faire sécher les cerises au soleil, jusqu’à atteindre un taux d’humidité de 12%. La « coque » est alors ôtée mécaniquement. Si ce procédé ne lisse pas les défauts du grain comme la méthode humide, il permet néanmoins d’augmenter son niveau de sucre. On obtient également des cafés aux arômes plus extravertis. La ferme Mormora, qui cultive ce Sidamo, a produit 450 sacs cette année.
Torréfaction
Torréfier un Sidamo est loin d’être évident. Les grains sont petits mais coriaces, il faut les cuire à cœur, en prenant garde de ne pas dépasser une limite qui signe la mort des arômes. De plus, il est difficile d’obtenir des grains homogènes avec les cafés traités par voie sèche. Avec toutes ces contraintes, on peut affirmer que Stéphane s’en sort très bien. Comme d’habitude, on sent qu’il a étudié le grain et multiplié les essais. Les grains ont un bel aspect et les arômes qui s’évadent du paquet ne laissent présager que du bon.
Une torréfaction bien homogène et relativement claire, afin de préserver les arômes.
Extraction
Conditions de l’essai :
- Machine espresso : La Marzocco GS/3 (filtre VST 15g)
- Moulin : Mazzer Super Jolly
- Température ambiante : 21°C
- Taux d’humidité : 40%
- Café torréfié depuis 11 jours
Paramètres d’extraction :
- Dose : 16-17g
- Température d’extraction : 92,5°C
- Temps d’extraction : 25sec
- Volume d’une tasse : 25ml
Le Shakiso ne demande pas une dose trop conséquente. J’ai obtenu de bons résultats avec 16 à 17g de café moulu pour 2 X 25ml en tasse. Une température de 92,5°C permet d’obtenir un bon équilibre des saveurs. Il faut juste éviter de pousser le temps d’extraction au delà de 25sec, sous peine de voir apparaître une petite astringence en finale.
Les quelques bulles sont dues à la hauteur conséquente des becs de sortie du porte-filtre sur la GS/3
Dégustation
Le nez dégage des effluves d’agrumes confits. L’attaque acidulée laisse place à un milieu étonnant d’équilibre. On retrouve les arômes d’agrumes confits soutenus par un corps qui envahit le palais. La finale légèrement terreuse est particulièrement longue.
À bien des égards, le Sidamo Shakiso me fait penser au Gidaamii. Comme lui, il pousse en forêt et est traité par voie sèche. Cependant, le Shakiso est plus accessible par son corps et son équilibre.
Étonnamment « clean » pour un café nature, je n’avais jamais dégusté un Sidamo aussi bon en espresso. Souvent trop torréfié, il perd tous ses arômes. Et le peu de fois où la cuisson n’était pas exagérée, il manquait de corps et était acide. Avec ce Shakiso, Stéphane Cataldi semble avoir déniché un Sidamo grand cru. Avec comme à l’accoutumé, une torréfaction aux petits oignons.