Essai détaillé AeroPress

OVNI du café

À l’origine de ce nouveau procédé, il y a un homme, Alan Adler, un conférencier de l’Université de Stanford, et Ingénieur consultant. Connu pour avoir créé l’Aerobie, un frisbee en forme d’anneau qui plane bien plus loin qu’une version traditionnelle.

Aerobie est devenu une marque. La dernière invention en date est l’AeroPress. Une sorte de grosse seringue conçue pour préparer un café de façon simple et rapide.

Le principe

Il est simple. Infuser une mouture dans le corps de l’AeroPress muni d’un filtre papier. Le piston sert à faire passer le breuvage à travers ce filtre.

Méthode douce ou pas ?

Si ce test est classé dans la rubrique extraction douce, en réalité, l’AeroPress se situe entre les méthodes lentes et l’espresso : la pression exercée par le piston n’est pas aussi importante que l’espresso, mais la durée de descente du piston est aussi rapide.

En détail

Le kit est livré avec un étui afin de faciliter le transport : l’Aeropress a aussi une vocation nomade.

Le corps et le piston de l’AeroPress permettent de préparer jusqu’à 250 ml de café environ.

L’AeroPress est livrée avec 350 filtres papier disposés dans ce sympathique distributeur. 

Le porte-filtre et son filtre papier.

Les deux, assemblés.

Le corps prêt à recevoir le système de filtration…

…qui se fixe grâce à un système de bride.

À priori, le joint de l’AeroPress est conçu pour durer…

Un entonnoir est inclus dans le kit.

L’agitateur (utile) et la cuillère doseuse (utile seulement en utilisation nomade car le dosage par volume manque de précision)

La matière

Je l’avoue, j’ai longtemps résisté aux sirènes de l’AeroPress. Et l’une des raisons est que l’objet ne m’attirait pas. Sans doute le plastique. La marque a pourtant de solides arguments sur ce choix. L’objet est composé de trois différents plastiques. Au début, la chambre et le piston étaient fait en polycarbonate. À l’époque, Aerobie avait effectué des tests par un labo indépendant sur le matériaux, qui avait conclu à aucun dégagement de Bisphénol A.

L’ancienne version était en polycarbonate.

Depuis le 1er août 2009, la matière est passée au copolyester. Un polymère très résistant de dernière génération, qui annule totalement le risque de Bisphénol A et qui offre des caractéristiques mécaniques supérieures. Le porte-filtre, l’agitateur, l’entonnoir et le distributeur sont en polypropylène. Le joint du piston, quant à lui, est en élastomère. Bien évidemment, tous ces matériaux sont aptes au contact alimentaire, et exempts de Bisphénol A.

La non utilisation de verre s’explique par la fragilité, le poids et le prix dû aux tolérances serrées de l’alésage. L’inox a les mêmes inconvénients (en dehors de la fragilité) en plus d’être opaque.

Dur ou pas, au fil du temps, le copolyester du corps est rayé par les particules de mouture. Cela n’affecte ni l’étanchéité, ni le fonctionnement de l’AeroPress.

vs French Press

La force de l’AeroPress est la phase d’infusion de la mouture en immersion, comme dans une cafetière à piston. À la différence près que la finesse des particules y est limitée par les mailles de la trémie. Sur l’AeroPress, un filtre papier, assez fin au demeurant, autorise l’emploi d’une mouture filtre, voire plus fine. D’où un procédé véloce, la vitesse d’extraction étant inversement proportionnelle à la taille des particules. C’est aussi pour cette raison que la température moyenne d’infusion recommandée, environ 80°C, est bien plus basse que pour n’importe quelle autre méthode.

Inversé ou pas ?

Il existe deux techniques principales pour utiliser l’AeroPress : la méthode inversée et la classique. Les résultats en tasses sont indépendants de celle employée : aux championnats AeroPress, les deux méthodes sont usitées par les compétiteurs. Voir ici les techniques des champions.

Méthode classique

La méthode classique consiste à réaliser la phase de remplissage et d’infusion, filtre en bas. Le piston est inséré par la suite. Notez qu’il y a 60ml entre chaque graduation.

Méthode inversée

Avec cette méthode, on commence par assembler l’AeropPress. La phase de remplissage et d’infusion se fait retournée (piston en bas). Il ne reste plus qu’à presser le piston après avoir préalablement inséré le filtre et retourné l’AeroPress.

Cette méthode a plusieurs avantages sur la précédente : aucune goutte de la boisson ne sort de l’AeroPress durant la phase d’infusion. D’où l’argument déjà entendu d’une boisson plus corpulente avec la méthode inversée. Dans la pratique, je n’ai pas senti de différences fondamentales en tasse.

Préinfusion

La préinfusion n’est pas indispensable dans un procédé qui utilise une immersion totale de la mouture. Le seul intérêt pourrait être de faire dégazer un café fraîchement torréfié. Dans un Dripper, la préinfusion sert à imprégner la mouture, afin de mieux contrôler l’homogénéité de l’extraction.

Après avoir testé de multiples combinaisons sur l’AeroPress, j’ai constaté que la préinfusion avait des effets notables dans le cas de l’utilisation de la méthode classique, car elle limite le passage de l’eau d’infusion à travers le filtre papier.

Paramètres

Mes paramètres préférés (utilisé chez Hexagone Café) : méthode inversée, 14g de mouture assez fine (plus fine que pour un v60), 200ml d’eau peu minéralisée à 94°C, légère agitation après versement de l’eau, 1 min d’infusion suivi de 30s de pressage. Bien entendu, ces paramètres sont à adapter au café employé, particulièrement la température au degré de torréfaction du grain.

Résultats en tasse

Il est difficile de parler de profils de résultats, tant il existe de méthodes et de paramètres pour utiliser l’Aeropress. Néanmoins, les filtres papier étant très fins, ils laissent passer pas mal de sédiments si la mouture utilisée est fine : il en résulte un breuvage assez opaque et mat.

Nettoyage

Le marc de café s’apparente à une galette d’espresso. Il suffit de l’éjecter avec le filtre usé après avoir retiré le porte-filtre. Aerobie stipule qu’il n’est pas indispensable de laver l’intérieur du corps, car il est « nettoyé » par le passage du piston.

Conclusion

L’Aeropress présente une multitude d’avantages. L’utilisation est simple, et autorise une infinité de méthodes. La qualité d’extraction est excellente et surtout répétable. Ajoutez à cela un prix d’achat plancher de 35€, et vous comprendrez pourquoi elle s’est imposée comme un incontournable des procédés de préparation du café.

Pour aller plus loin : 

The Ultimate Guide to the Aeropress

A propos Sébastien RACINEUX

Fondateur d'Espressologie.fr, Sébastien RACINEUX est un triple participant au championnat de France de Barista. Pratiquant le Latte Art, Sébastien s'est fait connaître du grand public grâce à ses nombreux articles sur le blog du plus grand revendeur français spécialisé dans le café sur internet, maxicoffee. Gagnant du Tournoi Coutume et vice-champion de France de café filtre 2012 et 2014. Co-fondateur d'Hexagone Café en mars 2015. Co-auteur du livre "Le café, c'est pas sorcier" chez Marabout (septembre 2016).
Ce contenu a été publié dans Extraction douce, Matériel, avec comme mot(s)-clé(s) , , , , , . Vous pouvez le mettre en favoris avec ce permalien.

6 réponses à Essai détaillé AeroPress

  1. Go Ear dit :

    Bonsoir Sébastien,
    L’aéropress est vraiment une petite machine sensationnelle pour se faire un très bon café n’importe où.
    Ca fait maintenant 3 ans que je l’utilise et je ne m’en lasse pas.
    Bel article, Seb, bravo !
    Toki

  2. William David dit :

    Hey
    Thanks a lot, you describe this beautifully .This is very helpful for me. Hope you write more articles in the future.
    Thanks again
    David

  3. Marie dit :

    Bonjour

    J’ai acheté l’appareil pas plus tard qu’hier, en ce 13 décembre 2015
    J’adore. J’ai testé mon premier café. Il manquait une note importante sur le mode d’emploi, comme quoi il faut d’abord mettre le piston à l’envers, mettre le café, puis l’eau, remuer et mettre ensuite le filtre papier et le support puis visser. Chasser l’air et ensuite retourner le piston et presser au dessus d’une tasse.
    Moi j’ai fait l’inverse. Sur le mode d’emploi, il montre le piston déjà à l’envers filtre installé au dessus d’une tasse.
    Ce qui fait que dès que j’ai mis le café puis l’eau, tout a coulé assez vite dans le bol. Pas le temps d’enfoncer le piston. Bref !

    En tout cas, j’ai adopté l’appareil illico. L’un des vendeurs qui s’appelle Antoine m’a bien conseillé.
    J’ai demandé la différence avec le filtre permanent en métal ; celui-ci laisse passer quelques particules de café contrairement au filtre papier. J’ai bu mon café ce matin ; je confirme qu’il n’y avait aucun dépôt dans mon bol.
    Enfin, c’est un produit Nomade, GENIAL au prix modique de 30 EUROS. à boire avec le bon café de la marque : ESPERANZA. Il y a différents arômes que le vendeur vous conseille.
    Je l’ai acheté à St Denis pendant la semaine du « SAVOIR-FAIRE ». J’y retourne illico pour en acheter un autre et l’offrir à Noël. A conseiller pour les bons amateurs-gourmets du café. Voilà.
    Bonne dégustation.

  4. Romain dit :

    Merci pour cette article.

    J’hésite justement avec une french press, moins chère et il n’y a pas de filtres à changer…

    Quelqu’un a déjà tester les deux ?

    Merci de partager vos avis 🙂

    • Sébastien RACINEUX dit :

      Bonjour,
      Vous obtiendrez un résultat un peu moins clean avec la cafetière à piston car elle laisse passer davantage de sédiments que que le filtre papier de l’aeropress.

  5. Toki dit :

    Bonsoir Sébastien,

    L’aéropress est vraiment une petite machine sensationnelle pour se faire un très bon café n’importe où.

    Ca fait maintenant 3 ans que je l’utilise et je ne m’en lasse pas.

    Bel article, Seb, bravo !
    Toki

Répondre à Go Ear Annuler la réponse

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *